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mon livre

31 octobre 2008

Ma vie (partie 1)

Avant de partir vers l’inconnu et faire le dernier voyage de ma vie, mon plus grand bonheur est de dire à tous ceux qui ont croisé ma route combien je les ai tous très sincèrement aimés. Un grand merci à mon amie qui a pris le temps d’une écoute très attentive et grâce à qui, je l’espère, mon témoignage sera retranscrit. Il est de la plus grande importance pour moi d’avoir la force de lui raconter la vérité absolue et avec la plus grande simplicité possible. J’espère de tout cœur que mon histoire pourra aider tous ceux qui souffrent actuellement dans leur âme et leur corps à cause de l’absurdité et de l’incompréhension qu’ils perçoivent du monde actuel. J’ai beaucoup souffert aussi tout au long du chemin, mais j’ai aussi toujours gardé l’espoir et ne me suis jamais résigné grâce à tous ceux qui ont su m’apporter leur très précieuse aide dans les moments de doute et de désespoir. Et plus j’avançais sur ma route, plus le sens de ces rencontres m’apparaissaient clairement. Tous ont contribué, de leur mieux, à mon évolution spirituelle qui m’ait si nécessaire aujourd’hui pour le passage dans l’autre monde. Voici ma vérité.

Je suis né le 28 octobre 1963 à Nantes. Mes premiers souvenirs d’enfance m’apparaissent très vagues et je me sentais déjà un peu rebelle quoique très doux , timide et surtout très sensible. J’ai toujours eu beaucoup de peine lorsque j’entendais de ma chambre mes parents se disputer. Je ressentais un mal-être aussi lorsque l’ambiance familiale ne m’apparaissait pas paisible. Je n’ai pas connu ma grande sœur Christiane décédée vers l’âge de deux ans. J’ai quelques souvenirs mais assez vagues de mon petit frère Joël décédé dans sa quatrième année. J’ai l’immense chance d’avoir toujours à mes côtés mon frère aîné Denis qui est d’une sagesse et d’une pureté exemplaire et maman qui se soucie toujours beaucoup pour moi. Mon papa était une personne extrêmement gentille mais toujours en recherche et assez dépressive. Il cherchait le bonheur qu’il ne trouvait pas dans ce monde dans d’hypothétiques idéologies sectaires. Il décéda trop jeune à 49 ans d’une crise cardiaque, laissant derrière lui l’immense vide que l’enfant que j’étais n’a jamais réussi à combler vraiment. J’avais 11 ans et pour moi, ce jour là, la terre, un moment, s’est arrêtée de tourner. J’ai toute ma vie, fouiller tous les recoins de ma mémoire pour me rappeler le plus exactement possible tous les moments passés avec lui. Les paroles d’une amie de papa m’ont beaucoup touchées : « je n’ai jamais entendu ton père dire du mal de quelqu’un ». Elle ne savait pas en prononçant ces quelques mots, le cadeau qu’elle me faisait. Mais la vie devait continuer malgré la douleur. Bien que je n’ai jamais aimé l’école, je fus plutôt bon élève, très consciencieux pour faire plaisir à maman qui devait continuer son chemin seule aussi. Elle travailla avec beaucoup de courage et sans jamais se plaindre pour nous élever dans les meilleures conditions possibles. J’ai d’excellents souvenirs avec ma grand-mère paternelle avec qui je passais du temps le mercredi après-midi à jouer à la vache, un jeu de carte. Elle était hors de ce monde et hors du temps. De ce fait, mon enfance fût globalement heureuse. J’ai eu plusieurs excellents camarades de classe qui étaient aussi mes camarades de jeux. Mon meilleur copain s’appelait Jean-Pascal. Un garçon très doux avec qui j’avais une très grande complicité. Il était issu d’une famille de 9 enfants dont les parents m’ont laissé une très grande impression. J’étais toujours le bienvenu dans leur modeste appartement. Je dois dire que je recherchais toutes les occasions possibles pour allez chez eux. Je m’y sentais comme chez moi. Nous nous sommes séparés à l’entrée en terminal, lui choisissant la filière électronique et moi l’informatique. J’ai obtenu mon baccalauréat du premier coup malgré ce que disaient mes professeurs. J’étais très fier de moi et surtout je faisais un beau cadeau à maman.

La suite de mes études fut moins glorieuse. La faculté a été un échec. Peut-être n’étais-je pas assez discipliné pour travailler seul et surtout, la matière étudiée, les sciences économiques, n’a suscitée aucun intérêt chez moi. J’avais réussi à me faire embaucher à la Caisse d’Épargne en tant qu’informaticien. Je n’ai pas de très bons souvenirs de cette première expérience professionnelle. J’ai été licencié avant le terme de la période de titularisation. C’était un premier signe important que je n’ai pas compris sur le moment. A l’époque, je n’étais pas à l’écoute et surtout je ne cherchais pas la signification en toute chose. J’ai effectué mon service militaire en tant qu’élève officier de réserve à Coëtquidan tout simplement parce que j’avais réussi les tests de présélection. Ce fût le premier grand choc émotionnel de ma vie. J’étais d’accord sur le principe de la discipline que je m’efforçais de respecter au mieux, mais le traitement n’avait rien d’humain et je vivais cela très mal. Parfois le dimanche soir, à l’heure de la réintégration, je freinais des quatre fers pour ne pas retourner dans cette prison. J’ai terminé mes cinq mois de classe bon dernier de la promotion. La poursuite du service militaire fut plus heureuse en tant qu’instructeur à Clermont-Ferrand. Le souvenir presque unique de cette période fut celui d’un appelé qui portait en lui une joie de vivre communicative. Notre séparation fut une petite déchirure. Je me souviens avoir regretté sa libération et d’avoir pleuré un ami que je n’ai jamais revu.

C’est vers la fin de ma période que je rencontrais Sylvie lors d’une soirée à Nantes. C’était ce soir là, la première fois de ma vie qu’une fille s’intéressait vraiment à moi.

Je me suis laissé faire par manque total de confiance en moi à l’époque.

Pendant mon service militaire, je passais un concours pour le poste d’agent technique à France Télécom. J’ai obtenu un médiocre classement pour un poste au Mans, mais étais assuré d’un emploi à ma sortie de l’armée. J’ai passé trois et demi au Mans. J’en garde un excellent souvenir. L’ambiance de travail était plaisante et surtout je me suis fais des amis avec qui j’ai partagé d’excellents moments. Je suis toujours resté en contact avec Luc dit le « fra ». Un garçon qui ne se prenait jamais la tête dont la joie de vivre nous irradiait. Que de soirées nous avons passé ensemble, toujours dans de très bonnes dispositions. Mon ambition était grande et je ne me voyais pas faire carrière dans l’administration. Le Crédit Agricole de Morbihan m’a embauché en juin 1987 à Vannes pour un emploi de pupitreur. Un an plus tard, je me mariais avec Sylvie sans grande conviction et surtout sans avoir eu le courage de répondre négativement à sa demande. Je ne l’ai jamais regretté car elle m’a offert les deux plus beaux cadeaux de ma vie. Anthony, que j’appelle Toto, est né le 11 mars 1990. Je nageais en plein bonheur. Cet enfant a poussé comme un champignon. Sylvie tomba enceinte quatre ans plus tard. La grossesse se passait globalement bien malgré une hydramnios décelée dans les derniers temps. Le jour de l’accouchement le 31 octobre 1994, j’étais évidement très heureux loin d’imaginer que la vie allait en décider autrement. Notre petite fille est venue au monde dans la souffrance, cyanosée. On l’emmena directement en soins pédiatriques intensifs. J’étais en état de choc. Elle était intubée et sondée de partout. Le premier diagnostic était une immaturation pulmonaire, ce qui d’après les médecins n’apparaissait pas dramatique. Une machine respiratoire palliait à son manque d’autonomie. Trois mois plus tard, l’état d’Émilie ne s’améliorait pas et le diagnostic ne tenait plus. Les médecins devenaient très perplexes et amorçaient un pronostic plutôt défavorable. J’ai toujours refusé de baisser les bras et je sentais une énorme énergie en moi, il était impossible qu’Émilie ne vive pas. Après beaucoup d’efforts de persuasion et contre l’avis médical, nous réussissions à leur faire admettre qu’il fallait l’envoyer dans un hôpital parisien. C’est à Saint-Vincent-de-Paul que le diagnostic nous a été communiqué au bout d’une semaine d’examen. Émilie souffrait d’une hypoventilation alvéolaire, plus communément appelée « Syndrome d’Ondine ». Elle ne sera jamais capable de se ventiler seule en dormant, son cervelet ne commandant pas sa respiration nocturne automatique. Ainsi, Émilie est depuis sa naissance trachéotomisée et ventilée toutes les nuits par machine type Éole. Elle m’a donnée durant toute ma vie une grande leçon de courage et je me rends compte aujourd’hui la chance que j’ai. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre de son handicap, elle est en état d’acception totale. Elle a toujours manifesté une grande joie de vivre. Ses yeux bleus sont d’une grande pureté. Le matin, au réveil, elle chante de bonheur. J’ai compris l’importance de ne jamais désespérer de la vie quoiqu’il arrive, il faut toujours garder l’espoir même contre l’avis de tous. Mais le message d’extrême importance que la vie a ce moment là m ‘envoyais, je ne l’ai pas entendu et surtout même pas écouté. Aujourd‘hui, je sais que ma fille m’a sauvé la vie sans le savoir. Anthony et Émilie s’entendent merveilleusement bien. Toto a longtemps surprotégé sa petite sœur, trop peut-être, mais comment l’en empêcher.

Émilie a aujourd’hui quatorze ans et vit comme toutes les filles de son âge malgré son handicap. Anthony est actuellement en faculté de médecine à Rennes. Malgré toutes les satisfactions que mes enfants m’ont apporté, j’aimerais maintenant aborder la préoccupation qui m’apparût essentielle tout au cours de ma vie. J’ai toujours essayer de m’adapter mais n’ai jamais réussi à trouver la plénitude que je cherchais désespérément. Et c’est le commencement d’un long cheminement qui devenait de plus en plus chaotique. Sans pouvoir précisément en définir les causes, je ne me suis jamais senti pleinement satisfait dans mon travail ni dans ma vie de couple. Le bonheur m’échappait, alors qu’apparemment j’avais tout pour être heureux. C’est alors que je me suis lancé à la quête d’un bonheur qui m’apparaissait dans un premier temps très hypothétique. Mes premières lectures étaient tous les ouvrages philosophiques qui me tombaient sous la main. Ma première rencontre importante fut le philosophe Emile Chartier dit Alain. C’était un professeur de philosophie qui captivait ses élèves. Il a beaucoup écrit sur tous les sujets de société mais ce qui m’a interpellé chez lui, c’est que personne n’a porté sur l’homme un regard aussi pénétrant. Alain voit l’homme grand, il voit la servitude, mais aussi la grandeur de l’homme qui de tout son être tend au sublime. Je dévorais ses pensées qui résonnaient d’une telle profondeur en moi. J’ai passé de merveilleux moments de lecture en sa compagnie et son humanisme m’emplissait d’admiration. J’étais fasciné par sa façon de déceler le beau en toute chose. Enthousiasmé par tant de bonté, j’achetais une douzaine de ses « propos sur le bonheur » que je distribuais à mon entourage. Je dois à Alain les lectures que j’ai faites des grands philosophes. Il était un guide sûr. Tout naturellement, il m’a fait découvrir celui qui je pense m’a le plus inspirer : Socrate, le plus sage des hommes. Seulement Socrate n’a rien écrit, et c’est à travers Platon que j’approchais la vérité du Maître, celui qui savait qu’il ne savait rien. Sa mission dans la cité était de faire prendre conscience aux hommes de leur non savoir. Il s’adressa aux plus érudits afin de montrer que leur prétendu savoir ne repose sur rien. Car en fin de compte, après avoir dialogué avec Socrate, son interlocuteur ne sait plus du tout pourquoi il agit. En lui s’opère ainsi une prise de conscience de soi; il se remet lui-même en question. Je comprenais que le savoir et la vérité ne peuvent être reçus tout faits, mais qu’ils doivent être engendrés par l’individu lui-même. Cela laissait entendre que c’est dans l’âme elle-même que se trouve le savoir et que c’est à l’homme lui-même de la découvrir. Cela me semblait magique, trop beau pour être vrai. Je pressentais que j’avais tout en moi pour atteindre la connaissance de la vérité. Seulement cela semblait être une illusion et la vie ordinaire me prouvait tous les jours le contraire. Je souffrais au travail de l’incompréhension des autres, de leur manque d’attention, de leur manque d’humanisme. Mes angoisses et mes périodes dépressives datent de cette époque. Je cherchais a atteindre une plénitude, un bien-être, une sérénité que je n’arrivais pas à concrétiser dans ma vie. Mon mal-être s’empirait et ma femme ne comprenait pas mes états dépressifs. Je l’entends encore me dire : « tu devrais te faire soigner ,tu es malade comme ton père ». Mes maux de tête commencèrent à ce moment là. Ma première dépression survint vers l’âge de 30 ans. Mes premières consultations médicales et psychologiques m’apportaient un peu de soutien. Je pratiquais aussi beaucoup la course à pied qui me permettait d’évacuer mes tensions du moment. J’adorais courir. Mais je m’aperçu aussi que lorsque j’arrêtais le sport je retombais assez rapidement dans un état d‘anxiété. Durant ma carrière, j’ai le sentiment d’avoir donné tout ce que je pouvais et au-delà des heures de travail je continuais à réfléchir à quelques améliorations possibles. J’entrevoyais parfois très clairement les solutions à mettre en place mais me heurtait souvent à un mur d’incompréhension. Un jour, je vis arriver dans mon service une jeune femme, Geneviève. J’avais à peine deux mois pour lui apprendre le travail de suivi des objectifs commerciaux avant que je parte en vacances. C’était une tâche qui m’apparaissait impossible en si peu de temps. Mais j’ignorais que j’étais en présence d’un cerveau exceptionnel malgré son handicap qu‘elle ne laissa pas transparaître. Je me suis appliquer à lui transmettre tout ce que je savais et le miracle se produit. Elle a effectué le travail en mon absence sans aucun problème. Elle reviendra souvent dans mon récit car une très grande amitié nous a intimement liée toute la vie. Geneviève aussi sans le savoir m’a plusieurs fois sauver la vie. J’adorais faire partager mon savoir avec mes collègues. Mais je restais aussi perplexe face aux blocus de certains. J’en arrivais à la conclusion que l’entreprise était un monde de requins ou les loups ne se mangent pas entre eux. Pourtant, j’ai rencontré des collègues exceptionnels en qui je sentais une ouverture possible. Philippe m’a appris le travail en donnant beaucoup de son temps et de son énergie. Mais je sais aussi qu’il souffre énormément. Henri a essayé par ses conseils avisés de m’ouvrir les yeux mais je n’étais pas en accord total avec ses idées. C’est avec Thierry que je me retrouvais bien. Nous partagions les mêmes valeurs, les mêmes idées et malheureusement les mêmes habitudes de boisson. J’ai passé beaucoup de temps dans les bars avec lui à refaire le monde. Il était extrêmement généreux et d’une grande sensibilité. Le revers de la médaille est qu’il s’était mis à boire plus que de raison. Je l’ai accompagné le mieux que j’ai pu, laissant beaucoup de forces à essayer de le convaincre d’arrêter. Mais je crois maintenant que je ne n’ai pas eu les mots qu’il fallait pour déclencher le processus de l’éveil. Moi-même, je m’abrutissais de médicaments et d’alcool et était bien loin d’avoir la conscience et surtout la compréhension de notre mal-être. Je percevais sa déchéance de jour en jour, cela m’était insupportable. J’entrepris de voir son médecin traitant qui me répondit que personne ne peut prendre la décision à sa place, qu’il faut un déclic intérieur. Ce déclic, Thierry ne l’a jamais eu et il décéda dans sa 49ième année. Ce fut le deuxième choc de ma vie. Je comprenais parfaitement ce dont il souffrait, je ressentais les mêmes inquiétudes et angoisses. Pourquoi avais-je été incapable de le sortir de cette spirale infernale? J’ai compris depuis que je n’ai pas su allumer sa lumière intérieure et lui faire admettre que le soleil était en lui et pas à l’extérieur de lui. Son Dieu intérieur percevais le monde de l’ombre et non celui de la lumière. Je pense tous les jours à lui et lui souhaite un repos éternel bien mérité. Patientes encore un peu, je vais bientôt te rejoindre.

Je me sentais de moins en moins bien à la maison. Sylvie n’était pas du tout à l’écoute de mes inquiétudes. Les dépressions se succédaient. J’étais effrayé à l’idée de quitter le foyer en laissant mes enfants. J’ai patienté aussi longtemps que j’ai pu. Une rencontre a tout déclenché. Elle s’appelle Françoise. Elle m’a dit simplement que la crainte pour mes enfants n’était pas justifiée et que leur bonheur serait de voir leur papa heureux. Je pris alors la décision de partir non sans avoir minutieusement pensé à tous les détails pour que la déchirure soit la moins douloureuse possible. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir réussi mon divorce. Je pris un appartement sur Vannes près du centre ville. Dans un premier temps, la solitude soudaine me pesait énormément. Mais peu à peu j’appréciais aussi ces moments ou seul je me retrouvais vraiment moi-même. Je lisais de plus en plus des livres de philosophie et aussi de psychologie. Les sorties nocturnes et ma recherche intérieure étant les deux activités auxquelles j’employais mon temps libre. J’ai rencontré pendant cette période pas mal de personnes un peu paumés comme moi qui traînaient le soir dans les bars de la ville. C’est ainsi que je rencontrais Florence, une jeune femme qui m’attira par sa légèreté et son insouciance de la vie. Nous restâmes deux ans ensemble mais notre relation était très chaotique. Elle m’a beaucoup appris et principalement la vie instinctive du moment présent. Un vent de liberté soufflait fort dans ma tête à ce moment là. Elle connaissait beaucoup de monde sur Vannes et surtout des personnes dites en marge de la société. J’avais aussi besoin de faire des travaux dans l’appartement et une amie me conseilla de contacter Lionel. La première rencontre avec Lionel fut loin d’être sympathique. Mais durant les travaux une complicité et surtout un climat de confiance s’établissait progressivement. J’admirais sa liberté d’être et surtout sa liberté de penser. C’est une personne qui ne joue plus avec les règles du système mais qui reste néanmoins très sociable. Une grande amitié naissait. Une de ces nombreuses petites phrases m’a aidé dans bien des moments de doute : « tout ce qui ne te tue pas, te rend plus fort ». J’ai beaucoup méditer sur cette pensée. C’est aussi à cette période que je fit une rencontre capital pour la suite de mon existence. Un livre et surtout un auteur qui révolutionna ma façon de penser. Jiddu Krisnamurti naquit en inde en 1895. Très vite il apparut comme un penseur de grande envergure, intransigeant et inclassable. Il déclara que la vérité était un « pays sans chemin » dont l’accès ne passait par aucune religion, aucune philosophie ni aucune secte. Il ne cessa d’attirer un large public dans le monde entier s’adressant toujours à ses auditeurs de personne à personne. A la base de son enseignement est la conviction que les mutations fondamentales de la société ne peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de la conscience individuelle. Mais qu’en était-il de cette transformation de notre conscience individuelle? Je me suis plongé littéralement dans tous ces écrits et un miracle se produisit. Toutes ses paroles résonnaient en moi très justement. J’avais souvent l’impression que j’étais moi-même l’auteur et non plus le lecteur. Je découvrait que la pensée est le résultat de tout notre conditionnement et pas seulement depuis l’enfance mais aussi depuis le début de l’humanité. Pour toucher la vérité, il me fallait me déconditionner de tout le connu. La connaissance de soi est le fait de connaître chacune de nos pensées, de nos paroles, chacun de nos états d’âme, de nos sentiments et chacune des activités de notre esprit. La parole qui je crois a déclenché la tempête dans mon être fut : « la révolution collective ne se réalisera que par les révolutions individuelles ». Cette phrase magique me fit prendre conscience qu’il étant temps que j’entreprenne ma propre révolution. C’est alors que je suivais scrupuleusement tous ses conseils dans les moindres détails mais sans effort puisque cela correspondait parfaitement à mon être intérieur. Je m’isolais de plus en plus, aspirant au calme, au silence nécessaire à ce type de réflexion. La méditation devenait pour moi la chose la plus importante de ma vie. Sans elle, il m’était impossible de transcender les limites de ma pensée, de mon esprit, de mon cerveau. Je rejetais en bloc tout mon savoir acquis ainsi que toutes les valeurs inculquées qui ne me correspondaient plus. Je portais mon regard intérieurement pour découvrir ma nature véritable. Je comprenais que l’amour n’était pas la jalousie, ni la possession, mais un amour universel envers tous les êtres vivants. Et pour aimer véritablement, il faut être totalement libre. Cette liberté, je l’ai chèrement acquise. Mes valeurs étaient à l’opposées de ce que je vivais dans mon quotidien. L’ambiance au travail et surtout les idées de l’entreprise devenais pour moi d’une absurdité totale. Faire de l’argent en sacrifiant des vies humaines me devenait intolérable. Et longtemps j’ai réfléchis au problème du niveau de conscience de l’entreprise. Ma conclusion est que l’être humain peut élever son niveau de conscience au plus haut niveau mais en groupe, le niveau de conscience diminue. Ce que l’on se permet au nom d’une entité, d’une organisation n’a pas grand-chose à voir avec la conscience humaine. Tous ces bouleversements se sont réalisés dans la douleur. J’alternais les moments de grande lucidité avec des périodes de doute puisque tout autour de moi me prouvait le contraire. J’ai une chance exceptionnelle d’avoir un excellent médecin. Il s’appelle Ronan et travaille dans la petite commune de Berric. Il sait tout de moi et a suivi attentivement mon évolution. C’est le seul « homme de science » en qui j’ai totalement confiance. Son cabinet ne désempli pas. Sa gentillesse et sa grande sensibilité lui confère un aura perceptible jusque dans sa salle d’attente. Il a une qualité d’écoute que j’ai rarement rencontré et surtout un excellent diagnostic. C’est lui qui m’a fait comprendre que l’on peut être dans le présent à chaque instant. Sa seule présence apaise déjà votre mal. Il m’a sauvé la vie plusieurs fois dans les moments ou mon désespoir était à son paroxysme. Je l’aime énormément et je suis sûr qu’il le sait. Notre dernière rencontre est très récente et je lui ai tout dit. Il m’a écouté très attentivement et me demanda ce qu’il pouvait faire pour moi. Je souhaitais juste diminuer ma consommation de cigarettes. Je pressentais que cette drogue soit-disante douce me diminuait progressivement et me poussait à mon insu vers de terribles souffrances. J’ai assez souffert dans ma vie comme cela mais fumer m’a toujours procuré beaucoup de plaisir et m’aidait me semble t-il à la réflexion. Mes idées ne correspondaient plus du tout avec mon environnement professionnel. Je prenais conscience que la banque n’étais pas ma voie et ne l’avais jamais été. Par contre, j’étais conscient que je lui devais beaucoup car elle m’ a permis de bien vivre et d’élever très correctement ma famille. Nous nous sommes quittés en bons termes et je garde de très bons souvenirs de mes relations professionnelles. Cette entreprise ou j’ai passé vingt de ma vie n’était pas sur mon chemin par hasard. C’est aussi grâce à elle que j’ai pu m’élever. Je m’apercevais au fil de ces années que le climat interne évoluait dans le mauvais sens. Je ressentais beaucoup la souffrance de mes collègues de travail. Insidieusement et de manière très subtile, l’atmosphère y devenait de plus en plus oppressante. Les objectifs devenaient de plus en plus difficiles à atteindre car ils étaient perpétuellement revus à la hausse. Le résultat net bancaire devenait le seul but de l’entreprise au détriment des valeurs humaines. J’ai beaucoup discuté avec le médecin du travail qui constatait énormément de souffrances psychologiques. Malheureusement, il n’était pas entendu par notre direction qu’il dérangeait beaucoup. Avant de quitter mon employeur, j’obtins un entretien avec le PDG. Je lui parlais avec mon cœur et lui avec sa tête. J’essayais en vain de fixer son regard qu’il détournait durant tout l’entretien. Je me sentais très fort face à un homme qui jouait son rôle avec très peu d’assurance. Je suis convaincu qu’il a très bien entendu mon message mais sa fonction l’obligeait à atténuer la noire réalité. Il n’y avait, d’après lui, pas plus de souffrances dans son entreprise que dans les autres. Voilà une piètre réponse à me faire! Sans le savoir, il m’a convaincu que je n’avais plus rien à faire dans cette boîte dont le seul but était de faire de l’argent à n’importe quel prix. Nous nous quittâmes d’un commun accord. J’avais alors beaucoup de temps devant moi et allais l’employer à ce qui m’apparaissait le plus important et le plus urgent pour moi, ma recherche intérieure. J’ai rencontré une femme charmante avec un très gros cœur, Nadine. Elle m’a donné beaucoup d’amour et j’ai ressenti avec elle des moments de totale plénitude et de très grande lucidité. C’était d’une immense et inexprimable beauté. Par contre, je devenais aussi de plus en plus sensible au bruit, étant conscient qu’il entravait ma réflexion et ma recherche. Mes maux de tête devenaient de plus en plus aigus. De brèves mais très douloureuses crises de névralgie m’épuisaient. Nous nous quittâmes mais je savais alors que ce que je cherchais depuis si longtemps existait. J’étais sur le chemin de ma vérité. Je prenais conscience que ces instants de plénitude étaient très liés à mes rencontres amoureuses. Lorsque l’on me donnait de l’amour, mon énergie augmentait graduellement, ma compréhension et ma lucidité aussi. En contrepartie l’amour rend aveugle et occulte l’ombre des choses. Les moments d’isolement et de totale solitude alternaient alors avec les rencontres amoureuses. Comme une plume qui s’élève de vie en vie, il m’apparaissait très clairement que mes rencontres m’élevaient graduellement. C’est dans la relation que l’être humain se trouve totalement. J’ai alors entrepris un voyage intérieur ou je me remémorais toutes les rencontres importantes de ma vie. Je m’aperçu alors que toutes, sans exception, m’ont révéler une partie cachée de moi-même. Je donnais de plus en plus de sens aux rapports humains au détriment de tout le reste. Au-delà des rapports humains, j’entrevoyais que l’observation et la compréhension de toute vie m’apportaient énormément. Je fumais de plus en plus et mes maux de têtes devenaient très préoccupants. Parallèlement mon voyage intérieur me ravissait plus que tout. Une nouvelle rencontre allait être de la plus grande importance pour moi. Depuis, je ne crois plus aux hasards de la vie. Elle s ’appelait Morgane. Je suis tombé amoureux tout de suite. Dans un premier temps je l’ai énormément écouté. Sa vie me fascinait. Elle me disait tout et moi je buvais ces paroles. J’ai compris alors que l’écoute peut-être totale lorsque l’on aime. Elle travaillait à l’hôpital de Lorient en tant qu’infirmière. Sa beauté physique égalait sa beauté intérieure. Ses yeux bleus étaient d’une grande pureté. Elle me parlait et tout en l’écoutant j’étais fasciné par son regard. Nous nous isolâmes rapidement dans la petite commune de Guilligomar’ch dans le finistère. J’ai vécu des moments merveilleux de bonheur. Elle possédait un cheval et un poney qu’elle adorait. Pendant son absence, j’appréciais mes moments solitaires ou ma réflexion et mes lectures me nourrissaient. Je me rapprochais du but que je m’étais fixé, je le pressentais très fortement. Je prenais alors conscience que le bonheur pouvait exister sur terre. Mais mes névralgies me fatiguaient énormément. J’étais partagé entre bien-être et des états de fatigue et d’épuisement total. Aussi, je n’étais pas totalement disponible pour elle. Je le savais et j’en souffrais. Un nouveau miracle allait se produire. Morgane ne lisait pas beaucoup mais possédait un livre de référence auquel elle se référait tout le temps. Ce livre est « Écoute ton corps » de Lise Bourdeau. Je n’ai pas compris le message tout de suite. Mais je sais aujourd’hui l’extrême l’importance qu’il a eu pour moi. J’écoutais alors très attentivement ce que mon corps disait ne comprenant pas grand-chose au début. J’étais à l’écoute mais restais incapable d’interpréter les messages qu’il m’envoyait. Pourtant le message était fort. Je l’ai compris aujourd’hui. C’était de toute évidence mon mal de tête qu’il fallait comprendre. Pourquoi avais-je de telles crises? J’avais pourtant consulté à de nombreuses reprises des spécialistes dans tous les domaines. Toutes les analyses étaient rassurantes. J’étais en parfaite santé physique et pourtant mon corps me criait sa douleur. Quel message voulait-il bien me faire entendre? J’en étais arrivé à la conclusion que je fumais trop, ce qui d’ailleurs était une réalité. C’est alors que Krishnamurti me donna la clé qui allait bouleverser mon existence encore une fois. La phrase magique était : « si vous fumer, sachez très consciencieusement pourquoi vous fumez ». Je m’aperçu que plus je réfléchissais et plus je fumais. Pourquoi alors réfléchissais-je autant? Toute ma réflexion était portée à savoir pourquoi j’étais perpétuellement en état de réflexion. J’écoutais alors mon corps et le message changea. Les crises très aigues et sporadiques cessèrent mais la douleur évoluait vers une migraine moins douloureuse mais incessante. Je pris conscience à l’époque que seul le silence total me soulageait de mon mal. Je compris alors qu’il y avait trop de bruit autour de moi. Pourtant, nous étions dans un village très calme, je ne regardais plus la télé et n’écoutais que de la belle musique. Toute ma vie fut accompagnée par Alain Barrière, Gérard Lenormand que j’écoutais sans lassitude en boucle. J’appelais cela à l’époque du bon bruit. Je me sentais en accord parfait avec toutes leurs idées sans aucune exception. Je me disait qu’eux avaient tout compris. Et moi aussi, à travers eux, je comprenais tout. Mais s’ils avaient tout compris comme moi, pourquoi ne les avions pas écouté ? Leurs messages m’apparaissent comme des vérités sûres. Il m’apparut alors que le problème n’était pas l’écoute mais l’entendement. Toutes les vérités ont été dites par de grands compositeurs, penseurs, poètes, philosophes, savant, prophètes. Ils ont tous été très attentivement écoutés mais jamais totalement entendus. C’est maintenant qu’il me faut vous expliquer pourquoi. Mais avant de vous révéler le secret de la vie, j’ai une dernière demande à vous faire. Je souhaiterais une écoute et une compréhension totale.

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